La stigmatisation du syndicalisme
En 2015, une analyse du Fonds monétaire international (FMI), passée elle aussi assez inaperçue, relevait l’existence d’un « lien entre la baisse du taux de syndicalisation et l’augmentation de la part des revenus les plus élevés dans les pays les plus avancés durant la période 1980-2010 ». Cette étude expliquait ce lien par le fait qu’« en réduisant l’influence des salariés sur les décisions des entreprises », l’affaiblissement des syndicats a permis « d’augmenter la part des revenus constitués par les rémunérations de la haute direction et des actionnaires ».
Les économistes du FMI estimaient que la moitié du creusement des inégalités pouvait être attribuée au déclin des organisations de salariés. De là à trouver que la stigmatisation du syndicalisme constatée dans le rapport du Défenseur des droits ne tient ni du hasard, ni de la fatalité, il n’y a qu’un pas que nous franchirons allègrement.
Ne faut-il pas y voir la mise en œuvre des recommandations que Friedrich Hayek, penseur libéral majeur, formulait dès 1947 : « Si nous voulons entretenir le moindre espoir d’un retour à une économie de liberté, la question de la restriction du pouvoir syndical est une des plus importantes » ? Soixante-dix ans plus tard, nous constatons que de Reagan à Thatcher, de Sarkozy à Macron, les amis politiques de Hayek ont réussi à créer une situation où les employeurs, privés et publics, peuvent sans problème sanctionner celles et ceux qui exercent une liberté publique sans que cela ne provoque une réaction à la hauteur de l’enjeu, ni des politiques, ni des médias, ni de l’opinion publique. Et cela ne touche pas que le domaine du social.